Ces derniers jours, mon île, la Martinique a vibré aux rythmes du carnaval : 4 jours de liesse, de partage, et de liberté. Alors à défaut de n’avoir pu m’y téléporter, je vous propose de voyager à travers les beautés marronnes de Charles Fréger.
Avec l’exposition « Cimarron », le Château de Nantes célèbre à sa manière le carnaval. De la Louisiane au Brésil en passant par Cuba, le photographe Charles Fréger nous embarque dans les mascarades, des fêtes colorées où le corps se fait l’expression d’une culture longtemps réprimée.

« Cimarron » fait d’ailleurs référence au terme utilisé dans les colonies d’Amérique Latine pour désigner le bétail fugitif et par extension les esclaves qui s’enfuyaient.

Le carnaval comme les mascarades, c’est la rupture avec le quotidien. Mais c’est avant tout un moment de cohésion sociale où les afro-descendants se remémorent et célèbrent leurs racines.
En Afrique et en Amérique du Sud, les mascarades peuvent même avoir une connotation rituelle, religieuse ou magique.



Au travers de ces portraits saisissants, Charles Fréger nous fait voyager dans le temps et l’histoire coloniale. La coutume du carnaval fut introduite par les colons qui voulaient faire la fête avant les restrictions du carême.
Les esclaves (en tant que biens meubles et non de personnes) n’avaient pas droit à ces festivités. Mais, avec le temps et avec l’accord des maîtres, ils développèrent leurs propres cortèges et défilés musicaux, introduisant ainsi leurs cultures et croyances.

Ces moments de fête étaient un véritable exutoire pour les esclaves qui en profitaient pour caricaturer leurs maîtres.

Le photographe a réussi à traduire ces traditions vivantes sans les figer, à les magnifier. Avec cette atmosphère « pop », il nous amène à (re)découvrir autrement cette Histoire douloureuse qui fait écho au passé négrier de Nantes.

Il témoigne également de ce mélange de traditions africaines amenées par les esclaves, chrétiennes apportées par les colons et amérindiennes qui fait aujourd’hui la spécificité de ce métissage culturel dans les sociétés caribéennes.

Alors, si vous n’avez pas encore vu cette expo, courez-y ! Avec ses différents niveaux de lecture, elle plaira à toute la famille. Et, si vous l’avez déjà vue, n’hésitez pas à partager vos impressions en commentaires !
Informations pratiques :
Jusqu’au 14 avril au Château des Ducs de Bretagne – 4, place Marc Elder
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Tarif : 8 € (5 € en réduit), gratuit pour certains publics et le 1er dimanche de chaque mois.
Photo à la une : IREMES ABAKUA, La Havane, Cuba