Judith (1930) par Marie Laurencin (1883 – 1956)
Œuvre exposée au Musée d’Arts de Nantes
Ce qui frappe au premier abord, ce sont les couleurs de ce tableau : des couleurs douces, délicates, tendres. On y retrouve tous les composants de l’art de Marie Laurencin, critiquée à l’époque par certains pour sa mièvrerie et son nymphisme.
D’abord influencée par les cubistes, elle s’en éloigne assez rapidement pour adopter un style très personnel. Grâce des lignes et simplicité dans la composition caractérisent son art.
Marie Laurencin peint surtout des figures féminines dont les silhouettes longilignes semblent se détacher de l’humain pour devenir des créatures félines sortant tout droit d’un songe. Ici, on peut imaginer une servante agenouillée qui s’active pour ajuster la robe de la conquérante. Déjà la coiffure est prête, les perles aussi, il n’y a plus qu’à passer à l’action …
C’est sans doute pour ces visages de clair de lune au regard noyé de mélancolie, que les Japonais raffolent de la peinture de Marie Laurencin. Un musée lui a même été consacrée à Tokyo.
Celle qui a raté trois fois le concours de l’école des Beaux-Arts, fréquente tout le beau monde de la peinture et de la littérature à Paris. Bisexuelle, Marie Laurencin aura de nombreuses aventures, notamment avec un certain Apollinaire dont elle fut la muse. Elle lui inspirera l’un de ses plus beaux poèmes, « le Pont Mirabeau ».
Marie Laurencin est l’une des rares femmes à avoir mené une carrière de peintre. A la fin du 19ème, les femmes commencent timidement à se faire une place dans les différents domaines artistiques. Son art autant que sa vie sentimentale en font une artiste hors du commun. Dans un monde d’hommes, elle est une figure de femme moderne, indépendante, libre de ses choix, qui a su exister par et pour elle-même.
